Un nom refusait catégoriquement de quitter mon esprit, il me hantait, constamment, et moi comme le faible de l’histoire je ne faisais que le répéter, à chaque instant. Jane, Jane, Jane. Mes premières pensées sont pour elle, tout comme mes premiers mots, mes premières émotions. Je sais que j’aurais dû la tuer, la bannir de mes pensées. J’aurais dû l’attraper par la gorge, mordre, la vider de son sang, peut-être même la torturer pour tout ce qu’elle me fait subir. Mais la seule chose que j’ai su faire, ce n’est rien. Telle une putain de victime je n’ai su que me soumettre à sa volonté. Je l’ai laissé me faire du mal pour qu’elle puisse continuer son chemin, faire se dont pourquoi elle fut créée, rendre son père… Fier de ce qu’elle est. J’ai failli donner ma vie pour elle. Pour moi rester sur le planché n’avait aucune importance, tant que je la savais en vie, en sureté et heureuse. Heureuse sans moi car oui, je le sens, elle n’est rien sans moi. Foutue espoir que je me forge. Au fond, dans l’histoire, c’est elle la faible. C’est elle la lâche. Mais moi je ne fais rien. Je me laisse pleurer comme une vielle merde, je me laisse dépérir pour elle, je me fais pitié, je me fais peine à voir. Je n’ai d’yeux que pour cette espèce de… chose. Elle n’est rien, je n’ai pas besoin d’elle, haaaaaa ce que j’aimerais me le dire et le faire. L’oublier, vivre ma vie comme bon me semble. Tuer, manger, me nourrir sans aucune culpabilité, sans me demander si elle, serait capable de me pardonner toutes mes erreurs. Car oui, je me pose toutes ces questions. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’elle a tous les pouvoirs. Elle a le contrôle sur ma personne. Et elle ne s’en rend même pas compte. Elle ne comprend rien. Je devrais en rire. Que oui, je devrais en rire, me lever au crépuscule et me dire « merde, mais c’est pas possible, regarde-toi. Sors, chasses, fais ce que tu aimes. Butes les tous. Un de plus, de moins, c’est quoi pour toi ? » Mais non. Je me lève au crépuscule en me demandant ce qu’elle peut bien faire, ce qu’elle peut bien penser. Est-elle heureuse ? Pleure-t-elle ? Pense-t-elle à moi ? Mais merde. Sors de ma tête ! Ce n’est pas si compliqué bordel !

A croire que pour moi si. Je ne me reconnais même plus. Moi qui à l’origine se fous de tous. S’amuse à aller cueillir une femme quelconque pour la baiser, la torturer, lui faire bouffer ses tripes. Entendre, jouir de ses cris et de ses supplications. Qu’est-ce que je fais maintenant ? Rien ! J’attends, je me soumets. Je pense. A qui ? A Elle. Même le goût de la plus belle femme n’a aucune saveur. Je peux me pencher sur elle, sentir son odeur, sentir sa peur, puis me contenter de mordre parce que mon ventre cri famine. Je la mange, comme tous vampires coincés et qui se prétendent gentils. Nous ne sommes pas faits pour aimer. Nous ne sommes pas faits pour supplier quelqu’un de rester près de soi. Je l’aime. Non, je le refuse. Je la hais tellement je l’aime. C’est-ce qu’on appelle l’amour de la haine. Je l’aime tellement je la hais. Je voudrais la voir crever sur l’asphalte, les membres arrachés, l’entendre hurler sur la roue de supplice. Je veux la voir se faire écarteler, je veux l’entendre me supplier de lui laisser la vie. Je veux la voir bruler sur le bucher. Elle est sale pour tous ce qu’elle me fait. Elle me répugne. Je suis écœuré de la savoir si loin. Mais pourquoi imaginer ces images me procure ce sentiment de souffrance… Je pense, je l’imagine, j’en jouis. Mais cela me fait mal au fond. Je me refuse de lui faire du tort. Je n’en ai pas la force. Ni l’envie. Au-delà de toutes volontés, je la protège. La surveille. Je la vois, dévouée pour son tendre père. Pense-t-elle à moi quand il lui prépare son bain ? Pense-t-elle à moi quand elle baise le première gigolo de Voltera ? Je n’espère qu’une seule chose. Oui. Mais je sais que je me fais des rêves, de belles illusions. Ce ne sont que des chimères. Elle n’en a rien à foutre de ma gueule. Que j’aille crever oui. Elle n’en serait que plus heureuse !

Je lui ai tout donné ! La jouissance, le plaisir, le bonheur, la protection. Qu’ai-je en échange ? Rien, que dalle. Le silence ! Je suis le con dans l’histoire, je suis le méchant, le salop, l’ordure qui a butté des centaines, non, des milliers de personnes. Je suis le monstre qui hante ses rêves, qui hante ses nuits et ses journées. Je suis l’enfoiré qui lui retire toutes envies de se battre, car me savoir loin lui fait du mal. Où est le juste milieu ? Il n’y en a pas. Elle et moi sommes de même raison, seulement nous sommes tous les deux trop cons pour s’admettre la vérité. Nous refusons constamment de la voir. Nous ne voulons pas l’admettre. Elle n’est nulle part cette putain de vérité. Je ne l’aime pas jamais, je ne l’aimerais. Alors, pourquoi ma chambre est-elle retournée ? Pourquoi je fais peur à tout le monde ? Pourquoi je me sens énervé, en colère contre moi-même, haineux envers le monde extérieur ? Pourquoi je ne veux qu’une chose, être enfin seul ? Je n’en sais rien, la réponse, je m’en fous, la vérité est la devant moi. J’ai besoin d’elle. J’ai besoin d’être avec elle. C’est tout, ce n’est qu’une évidence. Mais je la hais, putain, je la hais. Elle me fait mal. Je souffre de son absence, je souffre de la savoir loin. Dégages de ma tête ordure ! Laisse-moi tranquille merde ! Je n’ai rien fait pour mériter ça. Je voudrais qu’elle crève putain, qu’elle parte, qu’elle me laisse tranquille. C’est si dur de demander ?

Je n’en sais rien, mais j’ai bien peur que oui. Jamais elle ne me laissera tranquille. Dans un geste brusque je claque la porte. Où je vais, je n’en sais rien, je m’en fous, je veux un coin tranquille. Ne rien demander à personne, qu’on me foute la paix. Je ne veux voir personne, je veux juste oublier ce putain de visage qui refuse de quitter mon esprit ! Je marche dans les couloirs, ignorant les regards des uns, les remarques des autres. Je veux être seul, point. Dehors la nuit est fraiche, les rues sont vides, la solitude, le calme. La brise fraiche caresse mon visage, mes pas me mènent je ne sais trop où. Je me laisse guider par l’odeur du sang, cette haine, cette rage qui me force à me demander de tuer, encore et encore, de bouffer jusqu’à ne plus soif, de torturer jusqu’à ce que les cris me percent les tympans. Inconsciemment je cherche une nouvelle victime, deux, trois, quatre peu m’importe. J’ai faim, j’ai soif, je veux bouffer, je veux pouvoir vider tous ces sentiments sur un être qui lui est apte à ressentir quelques choses. Je veux me nourrir plus que de son sang, de sa souffrance, de ses larmes, de ses supplications. Je veux redevenir le monstre que je suis, pas uniquement le PD que je suis en train de devenir à cause de cette conasse de Jane… Et merde ! Encore son visage, le son de sa voix, le contacte de son étreinte, le goût de ses lèvres, elle, toujours et encore elle. Je ne l’aime pas, non, je ne l’aime pas. Je trouverais comment l’oublier, je trouverais comment m’en sortir. Pourquoi est-elle comme une addiction pour moi. Pire que cela, encore pire que l'héroïne, plus puissant que le Cristal, sans elle je ne suis rien. Pourquoi je n’arrive pas à arrêter ces larmes, pourquoi ! Ce n’est pas moi, j’ai peur. De moi, d’elle, de ce que je ressens. Sans même m’en rendre compte je me retrouve sur les genoux, la tête baissée. De mes poings je frappe contre l’herbe humide. Est-ce mes larmes ? Je n’en sais rien… Je crois que j’ai besoin d’aide…

Je ne bouge plus, je ne fais plus rien. Seul dans l’obscurité de cette nuit humide et froide résonne le son de mes pleures, sanglots timides, presque retenues. Je me pensais plus fort que cela. Mais en réalité l’évidence est juste devant moi. Je ne suis qu’un faible, un lâche. Un bon à rien qui ne pense qu’à sois. Un vampire de pacotille éprit d’amour pour une seule personne. Comment une personne peut-elle avoir autant de pouvoirs sur moi ? Toutes ces questions m’emmerdent. Toutes. Fait chier merde ! J’ai besoin de plus que du sang. D’alcool, de drogue, je n’en sais rien. Je veux être ivre mort, aller chanter sur la voie publique, pouvoir rire. Ce ne serait pas naturel, mais j’aurais au moins pu l’oublier ce soir. Le temps d’une rencontre. Peu importe la rencontre, peu importe la personne. Qu’elle me fasse boire jusqu’à l’ivresse, m’emportant dans une euphorie qui ne m’appartiens plus. Cette euphorie qui m’appartenait tant. Quand encore je rigolais jusqu’aux crampes, jusqu’à ce que mes zygomatiques me fassent mal. Quand je souriais de bon cœur car elle n’était pas là. J’étais encore heureux. Je tuais avec le sourire. Apportant un dernier espoir à mes victimes qui pourtant n’en avaient plus. C’était bien plus beau que de voir leurs visages se crisper de peur. De haine et de désespoir. Je divague. Je le sais. Mais que dois-je faire ? Plus que des pleurs, résonne des cris de rage dans cet obscurité qui devient bien plus qu’oppressante, je cris, je comprends, je réagis. J’enfonce mes poings dans la terre, dans l’herbe, je me fiche de savoir si l’on m’écoute ou non. On peut bien me prendre pour un fou. Je suis fou ! Je suis malade, psychopathe névrosé en détresse. Je tue parce que j’aime ça. Je viole parce que ça me fait rire. T’appelles ça être normal toi ! Je ne suis pas normal ! Je suis complètement barge, un barge amoureux de surcroit ! Mais qu’on m’enferme, qu’on me bute je n’en sais rien, je ne peux pas continuer comme ça merde !

J’aimerais me reprendre, m’adosser contre un arbre, avoir au moins la décence de me tenir correctement, mais rien y fait. Je pourrais me laisser crever là sans ne rien faire de plus. Juste attendre le jour du jugement dernier, le laissait m’emporter, moi, ma peine, ma culpabilité ainsi que tous mes secrets qui partiront avec moi. Je fus, mais n’est plus. C’est peut-être ça que je recherche. C’est peut-être ça que je veux ? La mort, être enfin en paix. Mais pourtant, je n’en ai pas la force, je n’en ai pas la volonté. Ni l’envie. Pas avant de lui avoir arraché le cœur et la tête avec… Merde ! Je finis par me relever, partant contre cet arbre, m’effondrant sur ses racines. Attendant, quoi ? Un geste, quelqu’un ? Comme si quelqu’un pouvait bien se soucier de savoir que je vais bien ou mal. Comme si quelqu’un serait lui aussi à la quête de calme et de réponses en plein milieu de nulle part. Comme si quelqu’un pouvait me voir, me dire « et l‘ami allons noyer notre chagrin dans l’alcool. » Le monde n’est pas dérisoire. Rien ne se passe au hasard. Pourtant, le destin peut parfois bien faire les choses…

Je ne sais pas comment j’ai réussi à faire ce que j’ai fait. Comment, moi, Esmée Cullen, j’avais réussi à perdre mon contrôle ? D’une nature douce, délicate et j’en passe, je suis maîtresse de moi-même, de mes émotions, de mon corps, de tout, comment avais-je pu faire ça ? J’ai une vie on ne peut plus parfaite et pourtant, voilà que je venais de quitter ma maison en claquant la porte laissant mon mari seul après une méchante crise. J’avais sidéré Carlisle, j’avais sidéré les membres qui étaient là et surtout, je m’étais moi-même étonnée. Je deviens folle ! Je ne sais pas ce qu’il ce passe, j’ai l’impression de ne pas être moi-même en ce moment. Tout avait bien commencé, des tendres moments, des rire et puis… C’était comme si on avait mis quelqu’un d’autre à ma place. Je n’avais jamais fait ce que j’avais fait, même quand Edward est devenu quasiment fou avec l’histoire de la rencontre de Bella, même quand on a du faire venir tout ceux que l’on connaissait pour protéger Nessie face aux Volturi… Ah ceux là ! Je n’en peux plus, comment est-ce possible qu’ils nous laissent en paix ? Ce n’est pas logique. Je ne sais pas ce que prépare Aro, mais je suis prête à parier que quand sa sentence tombera, il y aura des gros dégâts. Allait-il s’occuper de Jasper, d’Alice et de leur fille ? Non, bien sur que non. Alice le verrait. Edward et Bella défendrait leur fille avec le soutient des Quileutes. Et si Jane décidait de ne pas écouter Aro et de venir se venger de Bella et de son don ? Toujours de suppositions, rien de concret et ça m’exaspère. Mes traits sont si fermés que parfois, je ne me reconnais pas dans le miroir. Je ne montre rien à personne, pourtant, je vois leur regard inquiets en coin et je ne veux tellement pas les inquiétais. Parfois même, je me dis que les Volturi pourrait s’occuper des humains ici ou des Quilleutes. Imaginez qu’ils s’attaquent à Jacob… Nessie foncerait là bas pour se venger, elle est comme ses parents.

Tout était bien, les rires, les clins d’oeils et puis un silence après que j’ai fait tomber une assiette. J’avais regardais tout le monde, je ne supportais plus leur regard, j’étais partie en claquant la porte. Tous étaient sous le choc, qu’aucun n’avait bougé. Je ne voulais pas qu’ils me suivent, je ne savais pas s’ils le feraient et je m’en moquais. J’avais marché plus rapidement que jamais pour m’éclaircir les idées. Vraiment, je n’étais pas moi-même. J’avais peut-être besoin de ça. D’exploser ma colère, mon inquiétude pour redevenir la gentille mère aimante que j’étais. Oui, juste aujourd’hui, juste quelques heures, j’exploserais et je reviendrais comme si de rien n’était.

Je marchais, respirant fortement, des humains par ci par là, je croisais leur odeur. Pourquoi se promener dans la foret ? Sont-ils si fous ? Je continue avant de sortir l’odeur d’un vampire. Instinctivement, je vais vers lui, je dois protéger cette ville. Je me mets dans un coin, près d’un arbre et je l’observe. Il est jeune, déboussolé, il frappe le sol, il fulmine intérieurement. Il fini par se lever avant de se laisser tomber contre un arbre. Il a l’air si jeune et colère où non, j’ai cet instinct au fond de moi qui me pousse à avancer vers lui. Je me mets en face de lui, mon visage à retrouver sa douceur d’antan. J’hésite et fini par m’agenouiller prés de lui, il a l’air si perdu.

- Tout vas bien ?

Ses yeux ne trompent pas, encore un vampire se nourrissant de sang humain. Où est le temps où nous étions les seuls vampires à être dans les environs ? Je ne sais pas qui il est, ce qu’il fait ici. Et si c’était un piège ? Mes yeux trahissent ma crainte et même un soupçon d’énervement, surtout contre moi-même. Voilà que je doute de tout. Je ne suis vraiment plus moi-même.

- Vous avez besoin d’aide ?

Ma voix est calme et tendre, la voix d’une mère. Je reprends peu à peu mes esprits. Je ne peux pas être celle qui doute, celle qui casse des assiettes et part en claquant la porte. Je suis Esmée Cullen, la mère, la tendre femme qui aide son prochain. J’ai fait une erreur et j’ai laissé ma famille inquiète. Enfin, pour l’instant, l’important est cet homme devant moi. Il à l’air de souffrir. Et si je l’aidais ?