Le temps file, le temps n’attend personne. Le temps guérit toutes les blessures. Tous autant que nous sommes nous voulons plus de temps. Du temps pour se relever, du temps pour grandir, du temps pour lâcher prise. Du temps…


La clarté du jour vient m’éblouir doucement .Mes paupières lourdes s’ouvrent enfin .Quelle heure est-il ? 16 h … Encore une journée de gaspiller … Une violente douleur au thorax et une légère toux me rappelle la réalité .Mon cancer …L’air semble pourri, ma respiration est saccagé un peu plus chaque jour. Un soupir brise le calme ambiant de ma chambre, je me lève à moitié endormi, la tête dans le coltard. La vérité, ma vie si courte, sans espoir de fin, un destin moisi, voilà la vérité. Ma joie habituelle n’est pas là, je suis las, las de souffrir constamment en silence, las que ma maladie m’emporte un peu plus dans la galère.
Soudain, mon meilleur ami arrive en criant : « Ce soir, baise, drogue, alcool et fiesta ! » dit –il avec un clin d’œil .Sa spontanéité avait le don de me faire sourire.

Pas ce soir, Connor, je ne suis pas d’humeur …

Contrairement à beaucoup de gens, Connor n’abandonnait jamais et dès qu’il voyait mon désespoir, il ne me lâchait plus d’une basque .Putain qu’est ce qu’il est chiant ! Finalement, fatigué par son attitude, j’avais cédé et j’avais répondu de manière positive. Les heures défilèrent, tous deux, on se prépare en vitesse puis on file dans le brouhaha extérieur.

1h du mat… Je suis H.C .J’ai mal partout, je tousse sans cesse .L’alcool avait coulé à flots,Connor est complétement déchiré .Moi ,je m’en sors mieux ,j’ai encore les idées en place. La réalité d’un monde sans problèmes …Qu’est-ce que c’est beau ! Mais c’est loin d’être la vérité. Partout des gens souffrent, crèvent …Le monde est absurde, les personnes ne pensent qu’à leurs gueules, se branlant de ce qu’ils les entourent. Je pourrais me tirer une balle dans la rue, personne ne s’arrêterait. Enfin si Connor …En parlant de lui, les zigzags effectués avec ses jambes s’embrouillent et il tombe à terre .Je le relève sans trop de difficultés et il explose de rire avec un sourire bénin. Toi t’es mon pote, et je t’aime mon vieux !Il me prend dans ses bras et me serre .Je lui tape dans le dos et il s’écarte .
La joie de mon ami est contaminant, et finalement une étincelle se glisse dans mes yeux. À quoi bon réfléchir à l’avenir, sachant que nous n’en avons pas .Profitons de chaque instant. La nuit s’annonce longue..

Un homme, un peu plus âgé que nous deux, percute Connor .Grosse erreur ! Mon pote s’énerve vite, et le provoque .Baston… Conclusion : le gars avait un couteau, je me suis pris un coup au niveau du biceps, une coupure pas très grave s’étend sur mon bras .Mon meilleur ami a un œil au beurre noir et notre agresseur a pris la dérouillé de sa vie. Une fille attendait mon coloc à quelques rues de là.

3h du mat :Du sang coule le long de ma peau, laissant des trainées apparaitre. Ma respiration est pénible, je m’avance doucement vers une clairière, mes pieds trainant de plus en plus sur la terre .Je m’écroule sur l’herbe verte dos contre le sol. Une remontée de sang s’engouffre dans ma gorge, je le crache au loin. La douleur peut se manifester sous différentes formes. Ça peut être un petit pincement, une légère irritation, une douleur lancinante, une douleur que l’on supporte tous les jours. Et il y a le genre de douleur que l’on ne peut pas ignorer. Une douleur si grande, qu’elle bloque tout le reste. Et fait disparaître le reste du monde ! Jusqu’à ce que la seule chose à laquelle on pense, c’est à quel point on souffre ! La façon dont on gère notre douleur dépend de nous. La douleur... On l’anesthésie, on la surmonte, on l’étreint, on l’ignore... Et pour certains d’entre nous, la meilleure façon de gérer la douleur, c’est de foncer tête baissée. La douleur... Vous devez arriver à la surmonter. Espérer qu’elle disparaisse d’elle-même, espérer que la blessure qui la cause se referme. Il n’y a pas de solutions, pas de remèdes miracle. Vous devez respirer à fond et attendre qu’elle s’estompe.
La plupart du temps, on peut gérer la douleur. Mais parfois, la douleur s’abat sur vous quand vous vous y attendez le moins. Elle vous attaque en traître et ne vous lâche pas ! La douleur... Vous devez juste continuer à vous battre parce que de toute façon vous ne pouvez pas l’éviter.

Mes yeux divaguent vers le ciel somptueux, dans l’obscurité totale, seules quelques étoiles essayent d’illuminer ce paysage. Cette vision me provoque un envie irrésistible de fumer .Je sors de ma poche un joint déjà prêt, je l’allume avec mon briquet puis je laisse la fumée me pénétrer et s’évacué dans tous mon corps. Pendant un instant, mes soucis disparaissent…Un sentiment de bien-être s’infiltre dans mon corps, et le silence de la nuit m'insuffle la fatigue.

À ce moment précis, il y a 6 470 818 671 personnes dans le monde. Certains prennent peur, certains rentrent chez eux, certains racontent des mensonges pour s’en sortir, d’autres font simplement face à la vérité. Certains sont des êtres maléfiques en guerre avec le bien et certains sont bons et luttent contre le mal. Six milliards de personnes, six milliards d’âmes, et parfois, il ne vous en faut qu’une seule...


Vous savez c’est qu’est le pire dans la maladie ? Déjà les symptômes qui reviennent sans cesse ,mais surtout ,le fait qu’on sait que notre vie ne tient qu’à un fil et que la mort est de plus en plus proche .Je mettais fait à l’idée que je n’aurais pas de familles ,pas de gosses ,d’un côté tant mieux j’en voulais pas, de futur ,pas de métiers ,je ne pourrais jamais vieillir . En m’asseyant en tailleur sur la pelouse, je glisse mes doigts sur mon joint, tirant une bouffée de fumée.
Après l’annonce de mon cancer, je suis tombé dans la dépression, me morfondant sans cesse dans ma chambre .Mes parents ne voulaient pas admettre une telle nouvelle, leurs fils si parfait, ne pouvait pas être malade. Psychologiquement, c’était dur, les voir me sourire en se disant que ça va passer .Mais le problème c’est que sa c’est empirer. Les douleurs dans le thorax, la gorge irritée, mon souffle bloqué et essoufflé .C’était comme si j’étais à moitié vivant. Le seul à m’avoir aidé, c’était Connor ,il savait que j’allais mourir mais il m’a redonné le sourire et contre toute attente il m’a fait aimer ma vie .
Toutes ses pensées qui influent dans ma tête me donnent le tournis. Mes mains se posent à terre puis soudainement une fille vient s’assoir à côté de moi et me pique mon joint .Mes yeux se retourne et se plonge dans le regard de la jeune femme.
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Euuuuh c’est un rêve ou la réalité, la ? Cette femme est juste sublime, ses cheveux bruns légèrement ondulés tombent en cascades dans son dos, son visage émane une innocence sublime, et ses yeux rouges ? Oui rouges c’est bien sa …Etrange … Ils vous infiltrent et vous provoque un frisson dans tous le corps. Mon regard est légèrement troublé par tant de beauté mais bien évidemment je ne laissais pas mon trouble transparaitre sur ma face. Une odeur envoutante titille mon odorat, je détourne mes yeux vers le ciel puis je reprends mon joint prenant à mon tour une bouffée de fumée. Bizarrement, cette fille connaissait mon existence et celle de Connor,mais plus anormal encore elle connait ma vie . Contrairement aux personnes normales, j’aurais pu la regarder avec perplexité et lui poser tous un tas de questions pour savoir d’où elle tenait ces informations .Mais non, je lui répondis tous simplement.

Tu es pessimiste mes médecins m’ont donné 2 mois…

Je baisse mon regard réglant ma vision à son visage d’ange. Un simple sourire apparait sur mes lèvres. Je déteste l’hôpital ,les médecins ,et toutes leurs belles paroles. Ce ne sont que des branleurs qui se donnent un rôle et vous inventent un futur, en vous faisant croire à une seule petite onde d’espoir .L’espoir, je l’ai perdu il y a bien longtemps .En réalité, j’en veux à tout le monde, pourquoi moi ? Nous sommes tellement nombreux sur cette terre …POURQUOI MOI ? Une fois de plus, je prends une bouffée de fumée ,me détendant un peu lorsque la fumée s’enfonce dans mon être .La jeune femme me propose son aide .Pourquoi faire ?Je vais bientôt mourir .

J’écoute toujours, même si ça m’étonnerait que ça m’aide beaucoup.

Chaque minute qui passe est une occasion de changer le cours de sa vie.

Il fut un temps, où je croyais les médecins, je pouvais guérir, c’était évident …Tous maladies a remède .Qu’est-ce que je pouvais être con pour croire une telle chose !Le monde dans lequel je vis est purement hypocrite ,dominé par l’argent et le pouvoir .Je l’avais appris à mes dépends .L’hôpital est concentré que de personnes imbus d’eux-mêmes se vantant de leurs capacités hors normes ou pas … Seules les infirmières ,et les réceptionnistes se rappellent de moi ,en même temps ,cela est normal ,je passe deux fois par semaines ,mais les docteurs eux arrivent avec leurs feuilles de présentations donnant, nom ,prénom, sexe ,symptômes ,diagnostics,...Combien de fois j’appris que j’avais de nouveau un cancer des poumons … Je m’étais fait à l’idée de n’être qu’un patient rien de plus ,du blé pour ces hommes .
Mon quotidien est monotone, je me lève, je mange, je dors, mais tous au fond de mon être, l’appréhension du prochain jour me rapprochant un peu plus de ma fin me provoque un malaise.
Avez-vous déjà regardé le ciel ?Contempler son immensité devant vos yeux ébahis, voir qu’il s’étend vers l’infini et que vous ,vous n’êtes rien sur cette terre ,juste un grain de poussière parmi tant d’autres qui permet de faire tourner l’univers ;Notre vie est si futile et éphémère ,qui peut vite s’éteindre . Depuis le temps, je m’étais fait à l’idée de ma mort aussi l’horrible cela pu être .La fille à mes côtés exprime ce que je pense tout bas tous haut d’une dureté, d’une maturité qu’à l’apparence on ne voyait pas, je la regarde incrédule.

Tu crois que je ne le sais pas …Je suis qu’un putain grain de poussière sur cette terre qui est a un destin tragique, c’est tout …Puis mes docteurs sont des gros branleurs, je sais très bien qu’il me reste pas 2 mois, sinon je ne cracherais pas du sang aujourd’hui. Je n’ai plus d’espoirs, je me considère déjà mort.

Quelqu’un a dit un jour que la mort n’est pas la pire chose dans la vie : le pire, c’est ce qui meure en nous quand on vit. Une partie de moi s’est enfui quand je suis tombé en dépression .Mon cœur donnait l’allusion de ne plus battre, tout ça à cause de mon souffle merdique .Alors je me suis dit qu’il fallait mieux rêver. On essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. On se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. Les plus solides d’entre nous, les déterminés s’accrochent à leurs rêves. Il arrive aussi qu’on se retrouve en face d’un rêve tout neuf qu’on n’avait jamais envisagé. Un jour on se réveille, et contre toute attente, l’espoir renaît, et avec un peu de chance on se rend compte, en affrontant les événements, en affrontant la vie, que le véritable rêve, c’est d’être encore capable de rêver. Contre toute attente, mes plus beaux rêves sont celui où je meurs dedans.
Je soupire, plonge mon regard dans celui de la jeune femme glaciale .Certes, elle est complétement folle mais elle me plait celle-ci .Elle m’envoyait la vérité en pleine gueule sans prendre aucun gant et peu de gens ne faisait ça . Je ris en entendant ce qu’elle me dit.

Ok … Parle-moi de ton option .De tout façon, je suis mort pour mort .C’est gentil de ta part

Je lui adresse un faible sourire et tire sur mon joint une dernière bouffée, comme mon dernier souffle avant la solution miracle.

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