Je regardai partout autour de moi, attentif au moindre bruit. Les ruelles de Volterra étaient seulement éclairées par des réverbères séparés par une distance raisonnable les uns des autres de chaque côté de la rue. Je ne pris pas la peine de mettre ma capuche sur mon visage, il n’y avait presque personne dehors à cette heure avancée de la nuit. C’était la fin de l’été et les seules personne encore debout étaient de jeunes touristes tardifs qui sortaient des bars ivres et joyeux au bras de jolies demoiselles. Moi justement, c’était l’une de ces demoiselles que je cherchais. J’avais besoin de me nourrir mais également de ramener du sang frais à Marcus, l’un des fondateurs de la famille Volturi. Un garde était venu me demander d’aller chasser parce qu’il avait … La flemme ? Ce dernier n’avait pas pu finir son mot que déjà je le plongeais dans les abysses d’une vie monotone et vide, une vie aveugle, sourde et muette. Chasser ne me dérangeait absolument pas, tous les prétextes étaient bons pour sortir de ce château. Mais qu’un garde de la famille Volturi ose se conduire ainsi était impardonnable. Il salissait notre nom, le rabaissait. Et en tant que garde rapprochée, je ne pouvais pas laisser ça. Je ne pouvais pas me permettre de laisser des gardes aussi incompétents assurer la sécurité de nos Rois et nos Reines. C’est alors qu’un bruit vient du bout de la rue, des rires agaçants d’humains inutiles. Je sors de ma torpeur, prêt à agir. . Je m’avançai vers eux d’un pas déterminé, et ils se figèrent devant moi. « Bonsoir » dis-je simplement. Aucun d’eux ne répondit puis l’un d’eux éclata de rire. « Hé mec t’es tout pâle, t’as trop bu toi ! » Je fis mine de rire à mon tour et arrêtai brusquement. Une atmosphère lourde régnait, une aura que j’aimais tout particulièrement. J’avais l’impression d’avoir le monde à mes pieds. J’enfonçai mes mains dans mes poches et lançai d’une voix amusée « Les filles, vous voyez le grand château là-bas ? » demandai-je en faisant un signe de tête vers la tour qui dépassait au dessus des bâtisses en pierre. Elles hochèrent la tête, fascinées. « Je peux vous y emmener si vous voulez visiter. »

Voilà comment je me retrouvai encadré par deux humaines particulièrement charmantes, chacune d’elle accrochée à l’un de mes bras en gloussant. Les humains étaient une race inutile, stupide et naïve. Elles étaient si idiotes que ça me donnait une sensation de nausée, j’étais mal à l’aise. Elles ne comprenaient pas certains de mes mots aussi banales furent-ils, me posaient des questions sur moi et sur mon rôle au château, auxquelles je répondais la vérité. A quoi bon mentir puisqu’elles allaient mourir, de toute façon ? Quand je déclarai que j’étais un vampire, elles répondirent que j’étais très drôle et que je devrais devenir acteur. Elles puaient l’alcool mais à vrai dire j’étais las, je n’avais pas envie de chasser davantage. J’aurais aimé que Jane soit à mes côtés, qu’elle tienne ma main. Sa présence seule guérissait tous les maux de la planète, c’était mon âme sœur, mon ange gardien. Dieu que la vie était terne sans elle ! Récemment, Aro semblait nous éloigner de plus en plus l’un de l’autre, comme si il avait trop peur de nous lorsqu’on était réunis. Comme si il craignait que l’on ne tente de se rebeller et de nous dresser contre la famille qui nous avait offert la place que l’on méritait. C’était tentant certes, ainsi nous serions les maîtres du monde. Mais pas tout de suite. Pas comme ça. J’avais juré fidélité à Aro, Caïus et Marcus et je ne perdrais pas parole sans raison. Les deux seules raisons qui me pousseraient à les trahir seraient que Jane soit blessée par l’un d’eux ou simplement qu’elle me demande de m’en aller avec elle. Nous passâmes les lourdes portes de bois et les deux gardes m’adressèrent un sourire sadique auquel je ne répondis pas. Les deux filles gloussaient, se tenant la main à cause de la peur que leur inspirait le lieu. Le château de Volterra la nuit était un endroit fantômatique et lugubre, plus malsain que d’habitude. De certaines des chambres ou salles provenaient des hurlements humains, signe qu’une vie venait d’être anéantie. L’odeur du sang flottait agréablement dans l’air et ma gorge me brûla. Il fallait que je me nourrisse au plus vite, sous peine de ne plus pouvoir me contrôler. J’entrai alors dans la salle des Trônes où Marcus était seul, attendant son repas. Je m’inclinai respectueusement devant lui, avant de lui présenter les deux humaines. « Vous avez le choix maître. Si celles-ci ne vous conviennent j’irais chercher quelqu’un d’autre. » Je priai intérieurement pour qu’il accepte l’une d’elle et surtout me laisse l’autre. Mon regard s’assombrissait à vue d’œil, il savait que j’avais faim. Mais de là à partager un repas avec un garde, je n’y croyais pas.

L’une des filles s’appuya sur l’autre et se mit à rire de façon hystérique, prouvant qu’elle avait plus peur que ce qu’elle n’était amusée par la situation. « Maître ? Haha, c’est quoi cette histoire ? Vous êtes des comédiens c’est ça ? » Sa voix tremblait. L’autre surenchérit d’une voix suraiguë « Ouais c’est plus drôle, on veut rentrer chez nous maintenant ! » Elles commençaient à me taper sur le système. « Fermez-la ! » ordonnai-je d’une voix dure. Je frappai l’une à l’arrière du mollet et elle tomba à genoux dans un cri. L’autre voulut hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Seule sa cavité buccale grande ouverte et ses yeux écarquillés baignés de larmes montraient qu’elle criait. J’avais veillé personnellement à lui couper la parole, histoire qu’elle n’importune pas davantage Marcus. J’étais vraiment tombé sur deux gourdes et Marcus me punirait certainement pour ça. Voilà que la rage augmentait en moi, je ne supportais plus cette situation non plus. De tous les rois il était mon préféré, si seulement j’avais le droit d’avoir une préférence. Je ne savais pas réellement pourquoi, quoi qu’il en soit il était celui qui me considérait le mieux. Je le servais mieux que les autres, je n’hésitais pas un seul instant à exécuter ses ordres. Je m’éloignai alors de quelques pas en arrière dans une position droite et formelle, demandant d’une voix distante et claire, comme je me devais d’employer à l’un d’eux : « Avez-vous encore besoin de moi, mon Roi ? » Si non, j’essaierais de trouver Jane et lui proposerais de chasser. A moins qu’elle ne soit déjà avec quelqu’un, ce qui achèverait de m’énerver. Nous nous éloignions vraiment l’un de l’autre, c’était insupportable. La raison pour laquelle j’avais intégré cette famille c’était elle, et voilà qu’on me l’arrachait sournoisement.

Je ne savais pas ce que c’était d’avoir des parents, mais je voyais en Marcus l’adulte protecteur et compréhensif que j’aurais aimé avoir à mes côtés en grandissant. Un homme qui m’aurait aidé à en devenir un, qui m’aurait aidé à protéger ma sœur et avoir une vie normale. Au lieu de ça j’avais été élevé par deux religieuses et un curé, tous plus pervers les uns que les autres. Ils se gavaient de nourriture et d’argent alors qu’ils élevaient des orphelins qu’ils laissaient dans la crasse et la famine, se contentant de leur enseigner les principes de la religion et qu’ils frappaient quand ça n’allait pas. Combien de fois ai-je été fouetté, battu devant Jane ? Si j’avais été un garçon banal j’en serais mort. Mais humain déjà, j’étais fait pour être vampire. Autant dire que je ne savais pas réellement comment se comportait un parent normal avec ses enfants. Mais le simple fait que le Roi m’autorise à manger à ses côtés me donnait l’impression d’être en compagnie d’un membre de la famille. Je m’inclinai respectueusement. « Merci infiniment. » Marcus mordit la muette tandis que je relevai la femme à terre par les cheveux. Je croisai son regard brun et esquissai un sourire carnassier, avant d’approcher mes lèvres de son cou et d’y planter mes canines aiguisées comme des rasoirs. Elle ne cria pas, ne se débattit pas. Aucune de mes victimes ne le pouvait : mon don les anesthésiait automatiquement au moment de la morsure. Jane et moi avions un don totalement opposé, finalement. Tandis qu’elle les faisait souffrir, je les guérissais : un peu trop certes en les plongeant dans les ténèbres, mais je les guérissais. Son sang coula dans ma gorge avec lenteur. Il n’avait pas bon gout mais soulageait la brûlure qui me donnait envie d’hurler quelques minutes auparavant. Quand j’eus terminé je lâchai le cadavre qui tomba lourdement à mes pieds et fis signe à un garde posté dans l’entrée d’emmener les corps. Il s’exécuta et je me retrouvai de nouveau seul aux côtés de Marcus. Sa question me dérouta un peu. Si un jour j’avais pensé à ce qu’il aille jusqu’à me demander ce qui n’allait pas, j’aurais sans doute ri aux éclats. Mais je ne me faisais pas d’illusions, Marcus me demandait seulement ça parce qu’il ne voulait pas de garde distrait à ses côtés.

Pouvais-je lui dire la vérité ? Me confier à lui sincèrement ? J’étais persuadé qu’il le répèterait à Aro, ou que de toute façon il me punirait lui aussi pour l’affront que j’allais commettre. A l’instar des religieux, Marcus me frappait, également. Mais cela ne provoquait ni haine ni rage en moi, plutôt de la honte. Je m’en voulais de ne pas être à la hauteur de ses attentes dans ces moments-là. Dans ce cas-là, si je lui racontais ce qui m’arrivait, que je sois puni ou non le message passerait et les Rois ne penseraient plus qu’on ne remarquait rien. « Je ne veux pas vous importuner Maître … » commençai-je respectueusement. Je laissai passer quelques secondes et baissai les yeux vers mes pieds, avant de croiser son regard sanglant. Il n’y avait ni agressivité ni provocation dans mon regard, seulement une trace de blessure et de solitude. « J’ai depuis quelques temps l’impression qu’Aro fait tout pour nous éloigner, Jane et moi. Nous ne sommes plus jamais en mission ensemble, nous partons toujours quand l’autre est là … » Je me grattai la nuque en signe d’embarras et conclus : « J’en suis venu à croire qu’il essaye de nous séparer définitivement de peur que l’on se retourne contre lui. Parce qu’ensemble … » Je ne terminai pas ma phrase : ensemble nous étions invincibles. Nous n’avions peur de rien ni personne, ensemble nous faisions des ravages. Je n’avais pour l’instant aucune raison de me retourner contre eux, c’était un fait. Pour l’instant. De plus on avait besoin de devenir encore plus forts : Isabella Cullen et Chelsea Volturi avaient un pouvoir que nous ne pouvions vaincre. Si l’une des deux se mettait en travers de notre route, nous étions perdus. Chelsea pouvait à tout instant modifier notre relation, nous obliger à nous haïr. Et si je perdais Jane, je me donnerais définitivement la mort. Je clignai des yeux et passai une main dans mes cheveux noirs. « Bien sûr ce n’est qu’une impression … » En aucun cas je ne voulais que Marcus se sente agressé ou incriminé dans ce que je venais de ressentir. De toute façon il pouvait me blesser si il le voulait après ce que je venais de dire, je savais qu’il ne me tuerait pas. Personne ici n’oserait nous donner le coup fatal, craignant bien trop d’avoir à faire à sa moitié.

Lui avoir parlé à cœur ouvert me gênait beaucoup mais me faisait du bien, aussi. Je comprenais pourquoi Shanaé s’était attachée à lui, pourquoi elle l’aimait comme un père. La présence de Marcus était à elle seule rassurante et apaisante. J’avais beau avoir près de 400 ans, il m’arrivait encore d’avoir peur, de me sentir comme un petit garçon solitaire qu’on exploite puis rejette jusqu’à la prochaine fois sans se soucier de ce qu’il ressent. Ce petit garçon là hurlait en silence qu’on l’aime et s’occupe de lui. Aussi quand on s’intéressait à moi, j’étais heureux. Et lui, avait-il quelqu’un à qui se confier ? Quelqu’un à qui raconter ses joies et ses peines ? Depuis la mort de sa femme, quelque chose me disait qu’il souffrait. Je doutais que les Rois se racontent leurs vies. En fait leurs discussions personnelles devaient être d’un ennui mortel. Je me penchai légèrement en avant en signe de soumission et demandai d’une voix respectueuse : « Excusez ma question si elle vous semble déplacée : est-ce que vous, vous allez bien ? » Je jouais avec le feu, j’en avais bien conscience. J’avais entendu dire que sa femme Didyme avait été tuée par Aro. Comment pouvait-il encore rester aux côtés de l’autre Roi ? Le savait-il seulement ? Il n’avait eu personne depuis, s’emmurant dans une solitude que je ne connaissais que trop bien. Ma question était peut-être déplacée mais justifiée : non seulement je devais m’assurer de la sécurité et du bien-être de mes supérieurs, mais il s’occupait de moi alors j’avais envie de lui rendre la pareille d’une façon ou d’une autre. Un bruit se fit entendre à l’autre bout du couloir, un cri de femme. Je me tournai vers la porte, prêt à attaquer si cela était nécessaire. Un garde traînait derrière lui une femme superbe qui hurlait en se débattant. Elle réussit même à le rejeter au loin et nous fit face. A en juger par le sang qui coulait le long de sa gorge pour tâcher son chemisier, il s’agissait d’une nouvelle née. Je me plaçai devant Marcus, attendant ses ordres. L’avait-il fait amener ? Dans ce cas-là je n’y toucherais pas. Un grondement sourd sortit de sa gorge auquel je répondis sans crainte.

Je souris à Marcus, heureux qu’il n’ait pas passé ses nerfs sur moi à cause de mon explication. Le trahir, lui ? Le blesser ? Jamais. Sauf si il mettait Jane en danger, seule raison valable de l’éliminer. Il était bien trop bon envers moi pour que je n’aie pas la moindre envie de lui faire du mal. C’était dans des moments comme ça que j’aimais particulièrement mon « métier », des moments où l’on se sentait fier parce que notre supérieur nous reconnaissait à notre juste valeur. Jusqu’à maintenant je n’avais été que l’ombre de Jane, celui qui la suivait et qui n’existait pas, qui se contentait d’assurer ses arrières et écouter les compliments qu’on lui faisait. Ça ne me dérangeait pas, parce que j’aimais profondément ma sœur jumelle. Mais quelque part au fond, c’était blessant. Je répondis alors « Jamais je ne vous trahirai vous, Maître. » J’avais insisté sur le « vous » parce que je trahirais Aro et Caïus si il le fallait vraiment. Je les éliminerais aussi, sans état d’âme. Quoi que j’aurais certainement plus de mal à détruire Caïus qu’Aro qui, à l’instar de Marcus, ne cherchait pas absolument à m’éloigner de l’unique femme de ma vie. Ma question sembla le dérouter et je m’en voulus énormément de la lui avoir posée. Je me mordis la lèvre, écoutant toutefois sa réponse. Il s’était lié ? Nous la rencontrerions certainement bientôt alors, et je devrais la protéger comme je protégeais Athenodora et Sulpicia même si elles n’en avaient pas franchement besoin, enfermées dans leur tour. « C’est une bonne chose; j'en suis certain. » répondis-je d’une voix douce. Je n’avais pas la prétention lui demander l’identité de la jeune femme, même si la question me trottait dans la tête. Vampire ? Humaine ? Vivait-elle à Volterra, en ville ou au château ? Je me maudis d’être si curieux, d’être si impatient. J’avais vécu 400 ans, je pouvais bien attendre encore des jours, des semaines ou même des mois : je finirais par le savoir.

L’arrivée de la nouvelle née chamboula l’atmosphère étrange qui régnait dans la pièce. Je regardai Marcus reculer avant de me donner son feu vert et j’esquissai un sourire malsain. Un peu d’action ne me ferait pas de mal et nous pourrions tous les deux oublier que je m’étais montré un peu trop familier à son égard. Je me mis en position d’attaque, la femme fit de même. Je savais qu’au corps à corps j’aurais énormément de mal à la battre car les nouveau-nés avaient une puissance incroyable, dépassant la nôtre. Mais ce que j’avais moi, c’était de la technique. Et surtout un don fabuleux, dont je me servirais petit à petit pour la dérouter. Elle se jeta sur moi et j’esquivai rapidement, m’appuyant main dans les poches contre le mur d’en face. Cela avait le don d’énerver mes ennemis, j’adorais faire ça. La femme courut dans ma direction, persuadée que j’allais de nouveau fuir. Mais au lieu de ça je fonçai vers elle et le choc fut terrible. Le coup fut si brutal que je titubai un instant, avant de me reprendre. Je ne cessais de sourire, ce jeu m’amusait. Mais bien vite il ne m’amuserait plus et j’aurais envie de la massacrer, j’en avais conscience. Ma patience connaissait ses limites et elles étaient très réduites. Je décidai de commencer par lui ôter l’odorat. La femme fronça les sourcils devant se fier à sa vision et son ouïe pour me retrouver dans l’espace. Nous continuâmes à nous battre quelques minutes, avant que je ne lui enlève l’ouïe. Enragée elle se mit à hurler et je lui coupai aussi la parole pour ne pas avoir à supporter ses geignements suraigus. La nouvelle-née frappa de toutes ses forces dans mon ventre, m’envoyant valser plus loin. Je me relevai vivement en riant et lui coupai la vue, ainsi que toute envie de se battre. Elle resta plantée là, regardant dans le vide. Je m’approchai d’un pas déterminé et sautillant, avant de lui briser le cou « Échec et mat. » lançai-je sur le ton de la plaisanterie.

Je posai ma main sur ma nuque et bougeai ma tête pour en faire craquer les cervicales. Je lançai alors un coup d’œil furtif vers le garde qui l’avait amenée ici et me dirigeai à sa rencontre, mauvais. J’attrapai son col et le secouai si brutalement qu’il part étonné. Certes j’avais l’air d’un adolescent, mais j’étais bien plus âgé et fort que lui. « Pourquoi ? » lançai-je avec haine. « Pourquoi t’as amenée la femelle ici ? Tu voulais mettre la vie du Roi en danger ? » Il me lança un regard suppliant et je l’envoyai de toutes mes forces sur le cadavre de la nouvelle-née. « Nettoie ça, et va chercher un humain fort et robuste pour nourrir ton Maître. » L'avantage quand on était gardes rapprochés, c'était qu'on avait le droit de donner des ordres aux gardes de rang inférieur. Je me permettais parfois d'en donner à Jane, Felix et Démétri comme ils se le permettaient avec moi. J’avais conscience d’avoir très mal chassé et qu’il avait dû rester sur sa faim. J’avais un tempérament exécrable et mes ordres étaient généralement ennuyeux pour ceux qui les subissaient. J’aurais peut-être du me montrer moins dur, je ne l’avais même pas laissé donner d’explication. Mais le simple fait que cette femme aurait pu attaquer Marcus me faisait trembler de rage. Je ne laisserais jamais personne le blesser, jamais. Aussi longtemps que je vivrais et serais à ses côtés, vampires, humains et loups-garous ne lui feraient aucun mal. C’était non seulement mon devoir, mais également quelque chose de plus personnel. J’appréciais réellement cet homme, pour ce qu’il représentait et ce qu’il était. Parfois, il me faisait presque penser à un être humain et me semblait plus fragile qu’Aro et Caïus. Mais tout ça n’était qu’avis personnel que je ne partagerais jamais avec quiconque, bien évidemment. Je me tournai avec lenteur vers lui avant de m’incliner respectueusement. « Désolé pour ce spectacle Majesté, je me suis laissé emporter. Ça ne se produira plus. » La pièce était plongée dans l’obscurité et le silence, à présent que le garde avait quitté les lieux. Je restai debout devant Marcus, jusqu’à ce qu’il me donne l’ordre de me retirer ou quoi que ce soit d’autre.